Epoque contemporaine
   
  Les noms de Saint Paul
   

 

"Un jour, nos ancêtres purent voir débarquer en quelque port du littoral un homme d'apparence frêle et maladive, mais au regard vif et perçant où brillait une grande ardeur de prosélytisme. Il parlait d'un Dieu inconnu, le seul vrai, dont il allait prêcher la religion en Espagne. C'était l'apôtre Paul dont le nom désignera plus tard notre ville devenue chrétienne.. "

Jeanne Faure

Le nom le plus ancien connu est Sancto-Paulo. On trouve également dans certains documents anciens les noms de Saint-Pol ou Sainct-Pol ainsi que celui de Saint-Paul-lez-Vence, surtout avant que Saint Paul ne fut chef-lieu de viguerie et même Saint-Paul-de-Vence. Pendant la révolution, le 6 Fructidor de l'an II, son nom devint Sain-Paul-du Var et même Paul-du-Var. Après 1860, quand Nice devint française; les Alpes-Maritimes occupèrent une partie du département du Var. Saint-Paul-du-Var est donc resté la dénomination jusqu'en 1913, où le nom officiel devint Saint-Paul tout court par le décret du 12 avril.

La dénomination de Saint-Paul-de-Vence n'est venue qu'un peu plus tard. Ce sont les peintres et ensuite les poètes et les chanteurs qui ont utilisé cette appellation: Prévert avec A Saint-Paul-de-Vence que chante Yves Montand (1949), Charles Trenet et Nationale 7 (1970) ou encore Michel Sardou dans la Java de Broadway (1977). En mars 2011, cette appelation poétique est devenue officielle, le village de Saint Paul se nomme désormais Saint-Paul-de-Vence (Décret n° 2011-311 du 22 mars 2011 portant changement du nom de communes)

Il est vrai que Saint Paul tout court faisait retomber ce village particulier dans l'anonymat des 10 villes et villages de France portant ce nom (en oubliant les villes des pays étrangers comme Saint Paul dans le Minnesota) tandis que l'appellation Saint-Pau- de-Vence lui redonne son caractère unique.


 

     

 

 

Le lavoir

Construit en 1850, il se situe à l'entrée du village entre la place du jeu de boules et la Colombe d'Or. A une époque où les maisons ne possèdent pas l'eau courante, il aura toute son utilité. Il sera le lieu privilégié des lavandières pour échanger les derniers cancans, peut-être des disputes ou des crêpages de chignon. Les lavoirs ont toujours été des lieux de rencontre privilégiés pour les femmes, Homère l'avait déjà constaté en son temps.

Autre vue
   

 

 

 

L'huile et le vin

Vers 1850, les cultures essentielles sont celles de l'olivier et de la vigne.

La culture de la vigne fut introduite à la faveur des échanges entre les Grecs établis à Antibes et les Ligures dès le VIe siècle avant notre ère. Cette culture devait connaître un grand essor tout au long des siècles. A partir du XVIIIème siècle le vin sera exporté à Nice. Saint Paul a donné son nom à une variété de cépage: la clairette noire. Aujourd'hui, profitant d'une exposition idéale pour ce genre de culture, le vignoble s'étend sous les remparts.

Il y a 150 ans, les moulins à huile étaient au nombre de 7. L'eau nécessaire au fonctionnement de ces moulins arrivait par un acqueduc datant du XVIIème siècle, par le canal de la Reine Jeanne. Aujourd'hui un de ces anciens moulins à huile abrite le restaurant «Le Vieux Moulin», spécialisé dans les recettes provençales (socca, raviolis, farcis,...). La roue du moulin de Sainte Claire qui fonctionnait au siècle dernier est encore visible. Un peu plus bas, l'actuelle bâtisse qui abrite le Cercle de l'Union Saint Pauloise est un ancien moulin dont on peut encore voir la roue hydraulique sur le mur extérieur et les chapelles des presses à bras. Un peu plus bas se trouvent les ruines du moulin du vallon de la Ressence (du nom de l'huile de "ressence" qui était obtenue par décantation après les différentes pressions des olives et qui servait pour l'éclairage et la savonnerie).

 
   

Les ruelles

Comme tous les villages médiévaux, le village de Saint Paul est un dédale de ruelles escarpées aux noms étranges ou évocateurs comme la "Rue du casse-cou" ou la "Rue du Pontis". Ces ruelles s'articulent autour de l'axe central et traversant que forme la rue principale (Rue Grande) du Nord au Sud du village.

Au fil du temps ces ruelles ont peu changé d'aspect, seule la terre battue du début du XXème siècle a été remplacée par un dallage élégant de galets disposés en forme de fleurs, donnant aux ruelles tout leur cachet.

 
  Ruelles du village: 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8
 
  Rue Grande : en 1910 / en 2008
  Entrée du village : en 1910 / en 2008
  Plan de Castre à 100 ans d'intervalle

 

 

 

Un tramway à Saint Paul

L'idée d'un tramway reliant Saint Paul aux villes voisines de Cagnes et de Vence ,en passant par La Colle, sera lancée dès 1904. A une époque où l'automobile n'existe pas encore (du moins son utilisation n'est pas très répandue) et où les voies d'accès ne sont encore que des chemins caillouteux, le tramway s'impose comme une solution idéale pour le désenclavement du village de Saint Paul. Ce projet se réalisera un peu avant la première guerre mondiale et la ligne fonctionnera jusqu'en 1932, connaissant alors un grand succès. Le tramway sera remplacé à ce moment-là par l'autocar. Cette ligne permettra le commerce des produits locaux et favorisera le développement du tourisme.

La photo est une carte postale ancienne qui a été recolorée pour offrir une vue inhabituelle du pont reliant Saint Paul et Vence au-dessus du Malvan (pont de Libac) et permettant le passage du tramway. Les allemands feront sauter ce pont pendant la seconde guerre mondiale (26 août 1944) et le dernier pilier (pilier central du viaduc) resté debout sera détruit pour les besoins du film de Georges Lautner "Ne nous fâchons pas" en 1965. Aujourd'hui, il ne reste plus que le pied du premier pilier s'appuyant à la colline. Et pour la ligne, Il reste également des vestiges de la liaison La Colle - Saint Paul.

 

 

   
  Pont du Malvan au passage du tramway
  Gare du tramway à Saint-Paul du Var
  Gare du tramway à La Colle-sur-Loup
 
    Freinet, un instituteur peu ordinaire
   

 

 

 

Célestin Freinet fut instituteur à Saint Paul de 1928 à 1933. Sa pédagogie, basée sur l'autonomie de l'élève et l'utilisation de l'imprimerie pour produire des textes, est très éloignée de la conception républicaine de l'école laïque de l'époque. A Saint Paul, cette pédagogie ne sera pas acceptée par une partie de la population. Le village se divisera alors en deux clans et le conflit prendra même une ampleur nationale. Il ne trouvera son épilogue qu'avec le départ de Freinet de l'Education Nationale en 1934. Il ira alors fonder sa propre école à Vence.

La photo est un montage représentant Freinet, ou fantôme de Freinet en transparence, devant le portail de son école à Saint Paul. Ce bâtiment date du XIIIème siècle. Il servait d'Hôtel de Ville et de lieu de réunion pour la communauté. Il devint plus tard un abri de pauvres géré par la Confrérie du Saint Esprit (d'où son nom "Maison du Saint Esprit"). À partir du XIXème siècle, il a servi d'école pour les garçons (l'école des filles se trouvant à l'autre bout du village) jusqu'à la création de l'école mixte actuelle, l'école de la Fontettte. Actuellement le bâtiment abrite la salle du conseil municipal et les services sociaux de la mairie.

Agrandir

    Voir la "Maison du Saint Esprit" en 2007
     
    L'art et les artistes : peintres, poètes et écrivains
   
 

De nombreux artistes, peintres ou poètes, ont choisi Saint Paul pour y séjourner et créer consacrant Saint Paul dans son titre de village d'artistes. Les peintres sont arrivés dans les années 1920 et parmi les plus célèbres qui ont séjourné à Saint Paul, on peut citer :

Picasso, Braque, Miro, Chagall, Utrillo, Derain, Soutine, Signac, Modigliani, Matisse et actuellement Théo Tobiasse, Giulano Mancini, Luc Trizan (sculpteur) ou Rémi Pesce.

Quelques années après ce sont les poètes et écrivains qui ont choisi Saint Paul comme terre d'inspiration:

Jacques Prévert qui a vécu entre 1948 et la fin des années cinquante dans le village. C'est à Saint Paul qu'il a écrit Fatras. Il se liera d'amitié avec André Verdet autre artiste saint paulois polyvalent (poète, peintre, musicien et cosmologue) disparu en décembre 2004. Samivel, Jean Giono et James Baldwin ont également vécu à Saint Paul. D'autres écrivains comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Colette, André Gide, Paul Valéry, la liste est loin d'être exhaustive, n'ont été que de passage mais ont laissé une trace de leur venue à Saint Paul par un mot, une phrase ou un poème.

     
    Un timbre postal
     
 

En visite à Saint Paul en septembre 1961, le ministre des PTT de l'époque, Monsieur Bokanowski, pris l'engagement devant le maire M. Issert et le préfet M. Moatti à l'issue d'une partie de jeu de boules, d'émettre un timbre en l'honneur de Saint Paul.

Ce timbre a été dessiné et gravé par Robert Cami d'après un tableau de Pierre Ambrogiani, artiste peintre marseillais.

Le premier jour de l'émission du timbre (7 octobre 1961) se passa à Saint Paul et fut accompagné du tampon premier jour. La vente générale commença le 9 octobre. Le timbre fut émis à 22 millions d'exemplaires et retiré de la vente le 11 juillet 1984.

  Carte postale envoyée le premier jour d'émission
   
    La fondation Maeght
     

 

 

 

C'est en 1964 qu'a été inaugurée par André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles, la Fondation Maeght. Cet ensemble architectural a été entièrement conçu et financé par Aimé et Marguerite Maeght pour présenter l'art moderne et contemporain sous toutes ses formes. Des peintres et des sculpteurs ont étroitement collaboré à cette réalisation avec l'architecte catalan Josep Lluis Sert (élève de Le Corbusier) en créant des œuvres, souvent monumentales, intégrées au bâtiment et aux jardins: cour Giacometti, labyrinthe Miró peuplé de sculptures et de céramiques, mosaïques murales de Chagall et de Tal-Coat, bassin et vitrail de Braque, fontaine de Bury…

Le bâtiment de la Fondation Maeght est inscrit à l'inventaire des "Monuments Historiques" au titre du patrimoine du XXe siècle.

Et pour en savoir un peu plus sur la fondation :

 

  Site de la Fondation Maeght
   
  Les acteurs de cinéma
 

Les acteurs de cinéma, par leur fréquentation du village de Saint Paul ont contribué à l'essor touristique du village. Depuis le célèbre mariage de Simone Signoret et Yves Montand en 1951 jusqu'à celui, plus récent de Arielle Dombasle et Bernard-Henry Lévy en 1994, beaucoup ont apprécié venir à Saint Paul comme Lino Ventura, Fernandel, Gérard Philipe ou même y résident actuellement comme Michel Boujenah ou Aldo Maccione.

Le lieu de ralliement, le point de chute de toutes ces personnalités, est la Colombe d'Or, auberge créée en 1932 par Paul Roux, lui même grand amateur d'art comme le montre sa célèbre phrase inscrite sur le mur : "Ici on loge à pied, à cheval et en peinture". Cette auberge est indissociable de l'histoire contemporaine de Saint Paul, comme en témoignent les livres d'or remplis depus 1928 avec les noms des personnes célèbres ayant visité l'auberge et les oeuvres d'art qui se trouvent à l'intérieur des murs et du jardin de la Colombe d'Or: enseigne à l'entrée peinte par Folon, pouce réalisé par César et qui garde l'entrée; ou encore la céramique de Fernand Léger : "La femme au perroquet" ou le mobile de Calder.

  Photo © Edward Quinn
     
 

La place du jeu de boules

Située à l’entrée du village de St Paul, la place Charles de Gaulle, baptisée ainsi après la visite du Général en 1948, est surtout connue sous le nom de place du jeu de boules. La pétanque se pratique sur cette place du lever au coucher du soleil, Bien que l'existence de ce jeu de boules si cher à la région remonte à l'Antiquité, les Provençaux aiment à raconter qu'ils en sont à l'origine. En 1910, alors qu'un de ses amis, perclus de rhumatismes se déplaçait avec difficulté, un certain Ernest Pitiot imagina de lancer la boule les pieds joints, "pe Tanque" en provençal, dans un cercle dessiné sur le sol. Ainsi naquit la Pétanque qui acquit de véritables lettres de noblesse en faisant d'artistes aussi célèbres que les peintres Chagall et Matisse, le sculpteur Mancini, ou encore les comédiens Fernandel, Yves Montand et Lino Ventura de vrais adeptes. Ces derniers, avouaient retarder quelquefois les séances de tournage d'un film pour pouvoir profiter de leurs interminables parties. "Lorsqu'une partie de boules commence, c'est tout un village qui naît" disait Marcel Pagnol.

 

 

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